Dans le contexte des mandats de grève adoptés à l’Université Laval et à l’UQAR, la table ronde « Le patrimoine à la rescousse de la transition socioécologique? Reconfigurations actuelles des pratiques, discours et actions du patrimoine matériel et immatériel » est reportée à une date à déterminer. Nous vous remercions de votre compréhension.
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L’IPAC et le CELAT vous invitent à la table ronde « Le patrimoine à la rescousse de la transition socioécologique? Reconfigurations actuelles des pratiques, discours et actions du patrimoine matériel et immatériel », organisée par notre membre Daniela Moisa. L’activité se déroulera le jeudi 30 mars 2023, de 11 h 30 à 13 h, dans les locaux du CELAT à l’Université Laval (pavillon Charles-De Koninck, salle 1411) et sur Zoom. L’activité rassemblera Sekou Berte (Agence du patrimoine culturel du Mali), Carmen Chașovschi (Stefan cel Mare University of Suceava), Dieufort Deslorges (UL, CELAT) et Daniela Moisa (UQAR, CELAT). Bienvenue à tous et à toutes!
Inscription requise à la réunion Zoom : https://ulaval.zoom.us/meeting/register/u50ucOGhrT0vHdIjWpT9Sn_sIRamucaSoh7F
*Advenant un mandat de grève, il est possible que la table ronde soit reportée ou annulée.
Présentation
Les changements climatiques sont un défi majeur pour nos sociétés. Le patrimoine, qu’il soit naturel, matériel ou immatériel, n’est pas épargné par l’évolution du climat. La détérioration des territoires et des milieux de vie menace, d’une part, la viabilité du patrimoine culturel immatériel, qui constitue un fondement essentiel de l’identité et du bien-être des communautés et, d’autre part, la pérennité des patrimoines bâtis et des paysages, essentiels à la transmission et à la création du sentiment d’appartenance et de résilience.
Longtemps défini sous le signe du danger, le patrimoine se transforme, en ces temps d’urgence climatique, en une ressource riche et précieuse que les individus mobilisent pour renforcer leur résilience, réduire leurs vulnérabilités et assurer la transition socioécologique de leurs communautés et territoires. L’objectif de cette table ronde est de dépasser l’articulation entre patrimoine et danger, et de mettre en évidence les pratiques et les actions des communautés qui, soit par le réemploi de bâtiments anciens ou par la réactivation de savoir-faire traditionnels, jouent un rôle primordial dans l’identification de la manière dont leur patrimoine immatériel, matériel et naturel peut être menacé et des mesures nécessaires pour le sauvegarder, ainsi que des meilleures manières de l’approprier et de le valoriser.
Panélistes :
Sekou Berte (Agence du patrimoine culturel du Mali, Mali) : « Patrimoine, paysages, discours et pratiques en Afrique de l’Ouest : vestiges écologiques et constructions holistiques des espaces au Mali »
« L’anthropologie sociale et culturelle exhibe des paysages patrimoniaux, des vestiges tangibles et intangibles et des pratiques de croyances millénaires qui renvoient à une éducation certes holistique, mais ésotérique, qui reste en dialogue avec l’écologie humaine, et singulièrement la totalité de l’univers, de la reproduction sociale, de la motricité et surtout de la course à la mobilité sociale. Il s’agit ici de pratiques divinatoires ésotériques qui revêtent paradoxalement une rhétorique discursive dans les domaines de la gestion de l’univers au quotidien, du temps, des plantes, des animaux, des matières et des choses qui nous entourent. Le regard anthropologique, même cursif, exhibe des constructions holistiques d’espaces en Afrique de l’Ouest et surtout au Mali. Nous avons ici à l’idée la dichotomie de discours dans les domaines de la gestion traditionnelle et conventionnelle de notre environnement écologique. Cette gestion traditionnelle fait appel à l’usage des savoir-faire locaux comme les techniques divinatoires dans un monde dynamique pendant que la gestion conventionnelle (i.e. CRM) fait appel à des pratiques cartésiennes. Les foyers de ces savoir-faire divinatoires proposent une approche pragmatique aux problèmes sociaux et environnementaux, offrant des solutions qui relèvent de l’anticipation, du règlement des désordres sociaux, et de la résilience même en situation de catastrophes naturelles. Cette approche contribue à renforcer la résilience des communautés rurales et urbaines avec des solutions empiriques et/ou imaginées, qui sont en dialogue avec les moyens de subsistance des communautés à la base. Quant à la gestion conventionnelle, elle repose sur des travaux de laboratoires, des pratiques de discours bureaucratiques, de gouvernance politique, d’experts qui sont le plus souvent ignorants des contextes socioculturels des communautés cibles. Par conséquent, la transmission des paysages culturels, des vestiges et du patrimoine culturel immatériel se retrouve non pas seulement mise en danger, mais aussi à contre-courant des changements climatiques et des défis quotidiens des communautés. Aussi, elles sont budgétivores, inefficientes en termes de ressources humaines et matérielles. Que faire, comment, pourquoi et par qui? C’est cette totalité de questionnements que la présente communication s’efforce de provoquer. »
Carmen Chașovschi (Stefan cel Mare University of Suceava, Roumanie) : « Préservation du patrimoine bâti traditionnel. Pratiques et enjeux de la région de Bucovine, Roumanie »
« La conservation du patrimoine est, dans plusieurs destinations historiques importantes de la Roumanie, un objectif important dans l’effort de capitalisation des biens culturels, pour le développement des zones rurales. L’architecture vernaculaire, en tant qu’élément du paysage culturel, est l’une des composantes les plus fragiles, qui est en dernier lieu menacée, sous la pression d’une combinaison de facteurs d’incitation et d’attraction. Ce phénomène négatif, qui a affecté l’authenticité de la région de Bucovine au cours des vingt dernières années, est compensé dans la dernière période par un nouveau comportement dans la communauté : les maisons en bois sont réinventées pour une nouvelle vie, reconstruites, déplacées, réutilisées. Ces nouvelles pratiques mettent en place des principes d’économie circulaire, pratiqués de manière intuitive, en réaction aux pratiques de démolition intense de la dernière décennie. L’objectif de la conférence est donc de présenter et d’analyser la dynamique de ce processus, les savoir-faire des acteurs impliqués et les motivations sous-jacentes. Les pratiques sont discutées ainsi que les effets complexes sur les perspectives de développement touristique de cette importante destination touristique et patrimoniale roumaine. »
Dieufort Deslorges (Université Laval, Canada) : « Patrimoines et création de richesses en Haïti, le cas de la réserve de biosphère La Selle »
« Les communautés locales de la réserve de biosphère La Selle, en Haïti, vivent dans la précarité. Elles commencent, cependant, à prendre conscience des potentialités patrimoniales qu’elles peuvent mobiliser : écosystèmes naturels, avec taux d’endémisme élevé; paysages culturels; lieux et sites patrimoniaux; capital humain; patrimoine culturel immatériel; industries créatives. Si les habitants manifestent leur volonté de mettre ces ressources en patrimoine, ils doivent toutefois relever des défis et enjeux de taille, notamment : parvenir à une éducation de qualité pour tous en corrigeant de larges déficits; sauvegarder et mettre en valeur des biocultures en forte dégradation; mettre en place les infrastructures et services de développement inexistants; atteindre et consolider une résilience non visible, surtout face aux risques de désastres; rendre saine et efficace une gouvernance déficiente; sortir de la pauvreté. Notre intervention analyse ces problématiques, sur base d’enquêtes ethnologiques et d’études de cas, et envisage les perspectives de création de richesses et de bien-être à partir de la mise en valeur de patrimoines. »
Daniela Moisa (Université du Québec à Rimouski, Canada) : « Néopatrimoines au Québec : de la sauvegarde du passé à la protection de l’avenir »
« Le patrimoine culturel, qu’il soit matériel, immatériel ou naturel, n’est pas épargné par les enjeux climatiques. Menacé par l’homme ou par le temps, il requiert toujours la mise en place de politiques de protection et de valorisation pour assurer sa pérennité. Au-delà du patrimoine institutionnalisé, géré par le haut, une autre réalité arpente les territoires : individus et communautés réactualisent les pratiques, les savoir-faire et les valeurs “ancestraux” ou “anciens” dans l’objectif de mettre en place ou d’accélérer la transition socioécologique et de résoudre des problèmes d’inégalités et d’injustice sociale et économique. C’est le cas des mouvements d’habitation alternative, dont celui des mini-maisons, au Québec, qui revendiquent les savoir-faire ancestraux ou vernaculaires comme sources inépuisables de solutions pour une habitation plus juste et responsable des territoires. L’objectif de cette présentation est de donner un aperçu d’une ethnographique en cours de ce phénomène moins visible et encore marginal et de réfléchir sur le potentiel du patrimoine en tant qu’outil d’action sociale, territoriale et environnementale. »