Le Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CELAT) décerne la médaille Luc-Lacourcière 2023 à deux corécipiendaires : Bochra Manaï, pour son livre Sans voix. Carnets de recherche sur la radicalisation et l’islamophobie (Éditions du remue-ménage, 2022), et Jean-Jacques Nattiez, pour son livre La musique qui vient du froid. Arts, chants et danses des Inuit (Les Presses de l’Université de Montréal, 2022). Nous félicitons chaleureusement les lauréat-es!
La cérémonie de remise s’est déroulée le vendredi 2 février 2024 à 16 h à l’Université Laval (pavillon Charles-De Koninck, salle 5168). À cette occasion, une discussion animée par le président du jury, le professeur Van Troi Tran (UQAM), membre du CELAT, a été organisée pour permettre au public de découvrir le travail autour des ouvrages récompensés.
Médaille Luc-Lacourcière
Décernée par le CELAT tous les deux ans depuis 1978, la médaille Luc-Lacourcière souligne l’excellence d’un ouvrage d’ethnologie ou d’anthropologie publié en langue française en Amérique du Nord, qui se distingue par l’envergure de la recherche menée, son importance pour l’avancement des connaissances, le renouvellement des méthodes et la qualité de l’expression écrite et de la présentation. Lors de cette édition du concours, le jury de la médaille Luc-Lacourcière, composé de cinq chercheur-ses canadien-nes, a examiné quatorze ouvrages parus en 2021 ou 2022, qui ont été proposés par plusieurs maisons d’édition du Québec et du Nouveau-Brunswick.
Bochra Manaï, Sans voix. Carnets de recherche sur la radicalisation et l’islamophobie
Le livre de Bochra Manaï témoigne d’une exploration ethnographique de terrain, dense et minutieuse, dans l’univers actuel du racisme et de la radicalisation, afin de comprendre la complexité d’un important phénomène d’actualité et de contribuer à tracer des voies pour mener à une réelle réflexion politique sur le sujet. Cet ouvrage au texte limpide et précis approche un sujet chargé politiquement, la radicalisation et l’islamophobie depuis 2014, dans une perspective innovante, mêlant observations de terrain et réflexions méthodologiques. Il montre l’utilité d’une démarche ethnographique et ethnologique pour comprendre un phénomène social complexe en explorant des dimensions souvent occultées par le bruit médiatique, et en réfléchissant à la radicalisation comme un processus et comme le résultat de rapports et d’interactions sociales.
Jean-Jacques Nattiez, La musique qui vient du froid. Arts, chants et danses des Inuit
Le comité sélectionne le livre de Jean-Jacques Nattiez, qui couronne la brillante carrière, s’étendant sur cinq décennies, d’un chercheur renommé. Cet ouvrage, de magnifique facture, se distingue à la fois par la diversité des connaissances mobilisées au fil de longues années de recherche, et par l’étendue multidisciplinaire de la réflexion. Ce livre richement illustré résume dans un propos ambitieux une grande carrière de recherche sur l’ethnomusicologie des Inuit. Il montre l’envergure du bagage intellectuel de l’auteur, empruntant ses réflexions à l’histoire, l’anthropologie, l’analyse musicale et l’analyse iconographique. Il témoigne aussi d’une immense érudition tant sur la musique des Inuit que sur la culture inuit en général, et il montre notamment la place qu’occupe la musique dans les différents contextes et régions du Nord.