Le(s) monde(s) en train de se faire : quelles rencontres?
Colloque international du CELAT
Québec, 15 au 17 juin 2026
Date limite pour soumettre une proposition : 10 octobre 2025
Appel à communications en format PDF
Du 15 au 17 juin 2026, le Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CELAT) vous invite à participer à un important colloque international qui sera l’occasion de souligner ses 50 ans d’existence au sein de l’Université Laval (Québec, Canada). Sur le thème « Le(s) monde(s) en train de se faire : quelles rencontres? », ce colloque, ouvert à toutes et à tous, accueillera des contributions venant de la recherche et de la création, dans une variété de formats facilitant la rencontre entre les disciplines, les pratiques et les perspectives.
Argumentaire
La pluralisation de nos sociétés semble se manifester actuellement par l’accentuation des inégalités, la multiplication des discours polarisants, l’intensification de la destruction du vivant et la mise en place de politiques autoritaristes. Pourtant, le tissage du commun et de ce qui relie, malgré les différences, est toujours omniprésent et donne lieu à des gestes, des interdépendances, des réciprocités, des tensions qui œuvrent inévitablement à façonner le(s) monde(s) que nous habitons. Ces mondes, tissages de relations entre une pluralité d’humains et d’« autres qu’humains » (Uhl et Khalsi, 2021), se font, se défont et se font défaire continuellement.
Ce colloque propose de tourner l’attention vers ce qui relie, en explorant le thème de la rencontre (au sein) des mondes pluriels. Par son format original et les rendez-vous qu’il offrira au cœur de la ville de Québec, le colloque vise à rendre tangible ce que signifie « faire monde ». Ce concept de « faire monde » suppose d’envisager un monde perpétuellement œuvré, performé, habité (Ingold, 2021), à travers les lieux, les liens, les formes et les gestes qui le rendent possible. Cette incarnation du faire monde ne repose pas sur la célébration des différences en tant que telles, mais sur la manière dont elles peuvent entrer en relation, produire des maillages (Morton, 2019) et composer un commun mouvant composé de singularités multiples (Mbembé, 2023). C’est dans cet esprit que ce colloque, inspiré par la posture épistémologique in situ[1], propose d’entrer en contact direct avec les existants et leurs milieux, en prenant appui sur la ville de Québec – lieu d’ancrage historique et actuel du CELAT, mais aussi espace de comparaison, de projection et de résonance pour les recherches menées ailleurs.
Les personnes souhaitant participer au colloque sont invitées à réfléchir aux conditions et aux devenirs actuels de la pluralisation au prisme du « faire monde » à partir du thème de la rencontre. Plusieurs questions guideront les réflexions : que devient la pluralisation à l’heure des crises, des recompositions, des interdépendances forcées? Quelles rencontres demeurent possibles au sein de ces mondes pluriels et entre eux? Sous quelles formes et selon quelles modalités s’articulent-elles? Comment reconnaître l’agentivité réciproque et l’interdépendance de la pluralité d’existants liés au sein des mondes, sans nier les failles qui génèrent de nombreuses inégalités? Comment penser le « faire monde » dans un contexte où les mondes, qui se font et se défont, se transforment aussi selon les lieux que nous habitons, les statuts dont nous disposons, et les relations que nous entretenons avec les humains et les autres qu’humains? Quels gestes sont à inventer pour cohabiter avec ces mondes, autant pour les revendiquer dans leur histoire et leur état présent que pour les imaginer dans leurs devenirs?
Pour répondre à ces différentes questions, les participantes et participants peuvent soumettre des propositions qui abordent le thème du colloque de manière globale ou encore qui se concentrent sur l’un des trois axes suivants :
• Habiter les mondes, c’est-à-dire explorer la rencontre par le biais des diverses formes de cohabitation (relations et tensions) avec le vivant et l’environnement, avec les autres qu’humains, dans la ville ou avec les mondes intangibles;
• Fédérer les mondes, c’est-à-dire éclairer les diverses stratégies mises en œuvre pour lutter contre les différents systèmes de domination et œuvrer à de nouvelles formes de justice et d’équité facilitant la rencontre;
• (Re)créer les mondes, c’est-à-dire déconstruire et recomposer les mondes du passé, du présent et du futur en vue d’ouvrir de nouveaux canaux de rencontre, et de déterminer quelles traces et quels récits méritent d’être étudiés, conservés et transmis.
Cherchant à se décentrer des épistémologies dominantes – occidentales, coloniales, capitalistes – en valorisant d’autres formes de savoirs (Descola, 2022; Escobar, 2018; Latour, 2015; Rosa, 2022; Stengers, 2009; Tsing, 2022), et reconnaissant le pouvoir de l’art et de la création dans la perception, la compréhension et la transformation des mondes, ce colloque aspire à offrir une interface vivante du faire monde, entre disciplines, récits, publics, temporalités et lieux mis en présence pour l’occasion.
Lieux et dates du colloque
Marquant le 50e anniversaire du CELAT, le colloque se tiendra en présentiel, à Québec, dans plusieurs lieux de la ville, du 15 au 17 juin 2026. Les échanges se dérouleront en français, mais des présentations en anglais seront également acceptées. Nous invitons les participantes et participants à s’assurer d’une bonne compréhension du français afin de pouvoir prendre part et contribuer aux discussions.
Déroulement
Selon les types de propositions soumises et leurs formats, le colloque sera modulé en séances variables, certaines plus classiques (panels de communications, table rondes, ateliers), d’autres plus expérimentales, investissant différents lieux et temporalités. Deux sessions particulières sont d’ores et déjà prévues, pour lesquelles il est possible de soumettre une proposition :
• une session nocturne en plein air dont le format cherche à mettre en résonance les contenus de recherche et l’expérience sensorielle des participant.es. Il valorise également des formes de transmission plus lentes, affectives et immersives, en dehors du cadre académique traditionnel;
• une session mobile dans la ville de Québec, à travers un parcours dans des stations à définir, qui permettra de créer une expérience multisituée, empreinte de lieux qui se racontent ou qui sont racontés par des voix et savoirs multiples.
Format des propositions
Toutes les formes de recherche sont les bienvenues, notamment celles qui témoignent ou interrogent des formes de coconstruction ou de cocréation des savoirs, de même que celles en recherche-création. Les formats de mobilisation des connaissances peuvent également être divers : communication en solo/duo/trio, performance, atelier d’idéation, atelier créatif, exposition, affiche, etc.
Les propositions doivent préciser :
• Le titre et le résumé de la proposition (300 mots maximum);
• Le format de la contribution (communication, performance, atelier, etc.);
• Le matériel nécessaire selon le format de contribution choisie;
• S’il y a lieu, la session visée : nocturne, mobile, autre;
• Le statut, l’affiliation et une courte biographie de la ou des personnes contributrices (150 mots maximum);
• Des suggestions, s’il y a lieu (arrimage, date, etc.);
• Toute demande de mesures d’accessibilité (au besoin).
Veuillez faire parvenir vos soumissions, au plus tard le 10 octobre 2025, et toute demande d’information à cette adresse : coordination@celat.ulaval.ca.
Une réponse sera envoyée à toutes et à tous, au plus tard le 15 décembre 2025.
Calendrier
• 8 septembre 2025 : lancement de l’appel à communications
• 10 octobre 2025 : date limite pour la soumission des propositions
• 5 décembre 2025 : sélection des propositions
• 15 au 17 juin 2026 : colloque international du CELAT
Le Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CELAT)
Regroupement stratégique soutenu par le FRQ-SC, le CELAT cherche, par sa programmation « Faire monde : les devenirs de la pluralisation », à saisir la pluralité des modes d’existence dans une seule et même réalité commune, à partir d’une perspective résolument interdisciplinaire et de démarches variées et innovantes.
Références
Descola, P. et Pignocchi, A. (2022). Ethnographies des mondes à venir. Seuil.
Escobar, A. (2018). Sentir-penser avec la Terre. Une écologie au-delà de l’Occident. Seuil.
Ingold, T. et Krier, S. (2021). Habiter le monde et en être habités. Perspective, 2021(2), 89-110. https://doi.org/10.4000/perspective.25068
Latour, B. (2015). Face à Gaïa. La Découverte.
Mbembé, A. (2023). La communauté terrestre. La Découverte.
Rosa, H. (2022). Résonance démocratique ou mondes vécus cloisonnés? Réflexions sur les transformations de l’espace public au XXIe siècle à partir de la théorie de la résonance. Réseaux, 235(5), 73-101. https://doi.org/10.3917/res.235.0073
Morton, T. (2019). La Pensée écologique. Éditions Zulma.
Stengers, I. (2009). Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient. La Découverte.
Tsing, A. L. (2022). Proliférations. Wildproject.
Uhl, M. et Khalsi, K. (dir.). (2021). Les autres qu’humains. Explorations en humanités environnementales. Cahiers de recherche sociologique [Numéro thématique], 70. https://doi.org/10.7202/1097414ar
Comité scientifique
Allison Bain, CELAT, Université Laval
Emmanuelle Caccamo, CELAT, UQTR
Jennifer Carter, CELAT, UQAM
Célia Forget, CELAT, Université Laval
Raphaël Gani, CELAT, Université Laval
Adèle Garnier, CELAT, Université Laval
Estelle Grandbois-Bernard, CELAT, UQAM
Marie-Christine Lambert-Perreault, CELAT, Université Laval
Ève Lamoureux, CELAT, UQAM
Katharina Niemeyer, CELAT, UQAM
Jean-Paul Quéinnec, CELAT, UQAC
[1] Recherche universitaire ou artistique menée directement sur et avec le terrain, où les chercheur.ses/artistes s’immergent pour observer, analyser et produire des connaissances ou des œuvres à partir du milieu lui-même.
Œuvre mise en valeur sur l’affiche : © Andrée Bélanger (CELAT), « T’es parfait, mais je comprends rien à ce que tu me dis », feutre d’archives et encres artisanales (noyer cendré, prenanthe élevée, myrique baumier, rose de Damas, gaillet mollugine, chou kale rouge) sur papier Saint-Gilles, 48 x 48 cm, 2022. Œuvre exploratoire pour la série « Écosystème(s) ». Détail (arrière-plan retiré).